1 an déjà !

@Bertrand GUAY / AFP

1 an déjà !

Le cœur et la raison

Un an s’est écoulé depuis ce jour où, après une campagne intense et ininterrompue depuis 17 mois, les citoyennes et citoyens de la première circonscription du Nord choisissaient de me faire confiance pour être l’un des représentants du Peuple à l’Assemblée nationale. Ce faisant, elles et ils signifiaient leur préférence pour l’humanisme écologique et social qu’incarne La France Insoumise plutôt que le renforcement d’une majorité En Marche dont tout laissait à penser qu’elle serait déjà très (et sans doute trop) forte. Cette victoire n’était en rien acquise. Nous sommes allés l‘arracher au prix d’une énergie folle déployée pour aller non pas « chercher des voix » mais « convaincre ». Cette campagne menée avec très peu de moyens, loin des pratiques habituelles bien que dans le sillage de l’élection présidentielle, a permis à bon nombre de militantes et militants de vérifier qu’aucune combine n’atteindra jamais la valeur des convictions bien ancrées et doublées d’une volonté sans faille.

 

C’était sans nul doute un pari pour certains électeurs, je le mesure, que d’accorder une telle confiance à un jeune homme de 27 ans seulement, conseiller de clientèle de profession ayant pour seul fait d’arme dix petites années de militantisme associatif et politique acharné. Celles et ceux qui avaient croisé mon chemin avaient néanmoins compris ma détermination et ma volonté de faire et de faire bien. L’émotion qui m’a envahi ce 18 juin 2017 au soir a immédiatement laissé place au poids des responsabilités. Il n’était pas envisageable de décevoir celles et ceux qui avaient contribué à déjouer les pronostics. Je partais donc à l’Assemblée nationale avec une volonté chevillée au corps : faire de toutes mes forces ce que le cœur et la raison me dicteraient de faire, sans chercher à imiter qui que ce ne soit ni à faire ce que d’autres auraient fait à ma place ou fait avant moi. Dès les premiers jours, les choses s’accélérèrent et prirent des proportions dont on me dit aujourd’hui qu’il ne pouvait en être autrement me concernant pour autant que rien de tout cela ne fût calculé. Je fais de la politique comme je suis. Simplement.

 

Papier à musique

Il y a sans doute mille manières d’exercer un mandat de parlementaire. Pour ma part, ce n’est pas une fois un tel pallier franchi que je vais m’économiser. Chaque jour compte pour mener trois tâches de concert : décrypter et riposter aux mauvais coups de Macron, faire la démonstration que sur chaque sujet nous avons des propositions sérieuses et crédibles à lui opposer de sorte que chacun comprenne que nous saurions faire beaucoup mieux à sa place, répondre aux attentes que les citoyennes et citoyens nourrissent de leur député. Ainsi, mes journées depuis un an sont autant de séquences d’un chapitre dans lequel je me réveille chaque matin en me demandant comment je vais pouvoir contribuer aujourd’hui à faire un peu plus avancer notre idéal commun. Chaque soir j’en fais mon petit bilan personnel puis, après quelques heures de sommeil nécessaires à un fonctionnement durable, je repars de plus belle. Le rythme extrême impose de régler le maximum de choses comme du papier à musique. En cadence. Quand ce n’est pas le lundi des permanences parlementaires sans rendez-vous, je consacre mon lundi matin à mes équipes pour faire tous les réglages et ajustements pour la semaine qui vient. Puis, dès le lundi après-midi, je me déploie sur le terrain en réponse à des sollicitations, en réaction à l’actualité ou pour traduire mes propres initiatives. Je consacre essentiellement mes journées du mardi au jeudi à l’activité parlementaire à l’Assemblée nationale, aux sollicitations médiatiques et à tous les rendez-vous que j’ai besoin de tenir à Paris. Tout le reste en circonscription à de multiples rendez-vous, réunions de travail, visites, participation à des évènements et manifestations… le tout en essayant de garder une journée ou au moins une demi-journée par semaine pour reconstituer mes forces en famille.

 

Un basculement de société

On nous a beaucoup ri au nez quand nous parlions des « 600 000 voix seulement » qui ont manqué aux 7 millions obtenues pour qualifier Jean-Luc Mélenchon au second tour de l’élection présidentielle. Nous avons frôlé cette qualification. Je considère qu’avoir touché du bout des doigts l’application d’un programme comme « L’Avenir en Commun » est un évènement bien plus important et significatif que la victoire par « effraction » (c’est ainsi qu’il se définit) d’un habile continuateur d’un libéralisme échevelé comme Emmanuel Macron. En effet, il ne renouvelle rien sur le fond. Au contraire, il aggrave ce que ses deux prédécesseurs avaient entamé. Il ne pouvait réussir cette opération qu’en prétendant être différent et en faisant tout sur la forme pour le faire croire. Maintenant qu’il est installé dans un cadre institutionnel qui lui confère les pleins pouvoirs et avec une majorité plus que confortable il poursuit un objectif : aller au bout coûte que coûte. Si rien ne l’arrête, il est clair que notre pays, la France, cette République sociale, n’aura plus le même visage dans quatre ans. Cette première année de mandat présidentiel l’a déjà sévèrement amoché. En voulant pousser à un niveau jamais atteint en France le curseur du libéralisme, Macron nous fait basculer dans une autre société que celle qui fait notre pays. Le monde qu’il nous prépare est celui du chacun pour soi, de l’individualisation à outrance, de la compétition exacerbée, des start-ups et de l’économie ubérisée. Mais il présente toujours les choses autrement, dans un emballage bienveillant.

 

C’est ainsi que les ordonnances travail qui facilitent les licenciements comme jamais, plafonnent les dommages et intérêts aux Prud’hommes, suppriment des critères de pénibilité, organisent le contournement des instances syndicales et développent la précarité de l’emploi s’appellent « pour le renforcement du dialogue social ». C’est ainsi que la loi qui instaure la sélection à l’entrée à l’université s’appelle « pour la réussite des étudiants ». C’est ainsi aussi que l’on casse le statut des cheminots soit disant pour « améliorer le service » alors qu’il ne s’agit en fait que de créer un marché pour faire l’ouverture à la concurrence exigée par Bruxelles. A cette heure, 70% des français considèrent la politique d’Emmanuel Macron comme injuste. Ils ont raison. Rien ne justifie l’immensité des cadeaux faits aux plus riches sans contrepartie dans un contexte où la France est le pays du monde où les milliardaires s’enrichissent déjà le plus, où les dividendes distribués aux actionnaires sont les plus importants et où, dans le même temps, vivent 9 millions de pauvres dont le Président dit que les aides qu’ils touchent ou pourraient toucher coutent « un pognon de dingue » sans résultats suffisants alors que l’on connait l’efficacité de ces aides pour contenir les inégalités et limiter la pauvreté. Oui, on peut faire beaucoup plus pour le partage des richesses et cela est souhaitable. Mais ce n’est pas du tout la direction prise par Macron. Résultat : le pouvoir d’achat est en berne, l’activité du pays est au ralenti, 70% des contrats de travail signés sont des contrats courts, le chômage augmente, on brade notre industrie, on privatise, on « fait des économies » comme si cela constituait un projet politique et, en définitive, on ne sait plus très bien qu’elle est la trajectoire suivie ou plus exactement, elle enthousiasme moins qu’elle inquiète. La crise climatique ne se contente plus des prises de conscience ou des sommets du gratin de la finance pour verdir des comportements anti-écologiques comme le productivisme. Elle s’accélère. Conjuguée aux tensions géopolitiques et aux accords commerciaux inégaux, elle pousse des millions de gens à quitter leurs terres pour un ailleurs qu’ils espèrent meilleur. Cela aussi va s’accélérer. Embourbés dans la seule logique qui vaille pour eux (faire des économies et être « compétitifs »), les pays européens ne font même plus face à leur responsabilité élémentaire et à leur devoir d’humanité. L’Europe libérale construite de force contre les peuples sème la zizanie partout et permet le retour de l’extrême-droite à des niveaux inégalés depuis de sombres périodes. En bref, rien n’est réglé et tout s’aggrave. Les défis démocratiques, sociaux et écologiques que nous avions identifiés et que nous nous étions proposés de traiter pendant la campagne présidentielle de 2017 sont toujours d’actualité. Cette élection présidentielle n’a rien réglé. C’est la raison pour laquelle la colère est là, intacte, bien présente dans le pays.

 

Comme partout en Europe, cette colère va jaillir. La vague dégagiste emportera sur son passage tous les importants qui se croyaient bien installés. Aujourd’hui en Europe, elle les remplace surtout par l’extrême-droite. Elle peut tout aussi bien les remplacer par les partisans de la révolution citoyenne que nous sommes et choisir la refondation démocratique, le partage des richesses, la planification écologique et la coopération plutôt que la compétition. Car si le tableau est sombre, le travail gigantesque qu’il y a à accomplir pour lui rendre sa lumière un défi ô combien plus enthousiasmant que la compétition et la concurrence libre et non faussée des marchés libres ! Ce défi suppose une grande bifurcation. Comme tout changement radical, cela ne s’opère pas dans la facilité. Mais l’essentiel est de mesurer combien nous portons en nous la capacité. Oui, nous avons les moyens d’opérer ce grand bouleversement de trajectoire. Cela peut être absolument passionnant. Tant qu’il est encore temps.

 

Les raisonnables c’est nous !

A l’Assemblée nationale, avec le groupe de parlementaires insoumis, nous avons choisi d’être présents sur tous les sujets. Sur chacun d’entre eux, nous participons, nous amendons, nous décryptons, nous proposons. C’est un travail extrêmement lourd mais il est nécessaire. C’est ce travail qui nous permet par exemple de présenter régulièrement des contre-projets qui donnent à voir ce que nous ferions si nous gouvernions à cet instant. Il en fut ainsi du contre-budget comme du contre-projet sur la loi Asile et Immigration. Ce fut le même travail acharné mené pour notre niche parlementaire, à défendre nos propositions de loi. Bien sûr, cette majorité qui vote en cadence comme un seul homme et qui dévitalise l’Assemblée nationale au point d’en faire la chambre d’enregistrement des désidératas du monarque présidentiel rejette l’essentiel de ce que nous faisons. Mais heureusement, nous ne le faisons pas pour eux. Ce n’est pas pour eux que nous travaillons. Nous n’oublions jamais que notre travail parlementaire, s’il a une influence limitée à cette heure dans le contenu des lois, irrigue à plein l’opinion qui continue de se faire son idée au fur et à mesure comme en période de campagne. C’est une campagne permanente que nous menons et que nous mènerons jusqu’à notre accession au pouvoir. Face aux caricatures qui, bien qu’elles s’amenuisent, peuvent parfois subsister de nous, il s’agit de faire la démonstration implacable, à chaque étape, que nous sommes gage de stabilité, de sérieux et de crédibilité. Petit à petit depuis que le groupe parlementaire de la France Insoumise est à l’épreuve, le basculement s’opère dans l’opinion : et si les excessifs n’étaient pas ceux dont on dit qu’ils le sont ? Et si finalement, les excessifs, les exagérés, les déraisonnables, les extrémistes étaient aux commandes et que les sérieux, les conséquents, les stables et les raisonnables étaient ceux de La France Insoumise ? Je ne compte plus parmi les témoignages de reconnaissance, de sympathie et d’encouragements celles et ceux qui m’expliquent ne pas avoir voté pour nous en 2017 mais nous écouter et nous suivre attentivement depuis notre arrivée à l’Assemblée Nationale et se trouver de plus en plus convaincus. La France Insoumise, ses élus et ses militants n’ont qu’une boussole : l’intérêt général et la vertu.

 

L’an II

A cette heure, je suis plus que jamais convaincu que nous accèderons au pouvoir dans ce pays et que le chemin qu’empruntera la France pourra inspirer le monde comme notre pays l’a toujours fait. Si je n’en étais pas certain, je ne ferai pas tout cela. En tout cas, pas comme cela. Autour de nous, s’accrochent toujours les vieux acteurs de la vie politique ou les navires naufragés qui, plutôt que de saisir l’occasion d’un nouveau souffle à nos côtés préféreront toujours nous détester déraisonnablement. S’ils ne se la sont pas déjà prise, ils se prendront la vague en pleine figure. Pour tous les autres, bienvenue à bord : il y a du travail et des tâches à accomplir pour tout le monde ! J’en fais ma part. Patiemment. Ici commence l’an deux de mon mandat.

 

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