La manière avec laquelle l’Union européenne traite la question migratoire est significative de son incapacité. Prise en étau entre l’extrême-libéralisme incarné par l’axe Macron-Merkel et l’extrême droite qui progresse presque partout, cette Union européenne est capable d’imposer à tous l’austérité budgétaire, le libéralisme économique et la concurrence libre et non faussée mais elle est incapable de traiter humainement et rationnellement la question migratoire. Emmanuel Macron a beau s’être réjoui à l’issue du Conseil européen de vendredi dernier que « toutes les solutions pensées à la va-vite, soit de repli national, soit de trahison de nos principes aient été explicitement écartées », il n’en reste pas moins que « l’accord » obtenu signale avant tout les désaccords.
Cette Union européenne alignée sur les intérêts particuliers des oligarques allemands rend l’Europe détestable. En construisant l’Europe contre les peuples, en imposant des traités rejetés démocratiquement, en appliquant de façon dogmatique, irrationnelle et inefficace des politiques d’austérité qui aggravent le mal qu’elles sont censées soigner, les tenants de l’Europe libérale sont les seuls responsables du chaos qui s’avance. La grande masse du peuple subit durement et quotidiennement ces politiques. Les traités actuels encouragent le dumping social et fiscal. « L’Europe qui protège » protège les multinationales, les pollueurs et les détenteurs de capital.
L’immense majorité des grandes trajectoires et réformes nationales sont imposées par Bruxelles. Les ordonnances travail, les budgets austéritaires qui mettent en danger les services publics, l’ouverture à la concurrence de la SNCF… Autant des mauvais coups que Macron porte à notre République sociale sur injonction européenne. Le président de la République agit véritablement comme la Troïka à domicile !
Contre l’impasse libérale et le danger du fascisme, il existe une alternative. Il s’agit de cette Europe des peuples souverains, disponibles, qui aspirent à l’humanisme écologique et social que de nombreuses formations politiques proposent partout sur le continent. Nous pensons que toutes les tâches que nous avons à accomplir, comme la lutte totale contre le changement climatique, sont enthousiasmantes. Nous pensons que l’énergie est disponible au sein des peuples pour relever ces défis. Mais nous avons la certitude que pour s’employer à les relever, il faut rompre d’urgence avec le cadre actuel imposé des traités.
Cette volonté de rompre avec le cadre des traités, de remplacer la compétition exacerbée par la coopération généralisée, nécessite un rapport de force politique. Les élections européennes de 2019 nous en offre l’occasion. Avec la construction du nouveau mouvement politique européen « Et Maintenant Le Peuple ! », nous faisons la démonstration de convergences stratégiques et programmatiques à travers toute l’Europe. Vouloir retrouver son indépendance ne veut pas dire s’isoler. C’est même tout le contraire. Nous voulons coopérer.
Le 12 avril à Lisbonne, La France Insoumise, Podemos (Espagne) et le Bloco de Esquerda (Portugal) fondaient le mouvement européen « Et Maintenant Le Peuple ! ». Ensemble, les trois formations ont mené une vaste campagne contre la fraude et l’évasion fiscale qui coûte chaque année 1 000 milliards à l’ensemble des pays de l’Union européenne. Ce mercredi 27 juin, j’étais à Bruxelles avec l’eurodéputé Younous Omarjee, Jean-Luc Mélenchon et Charlotte Girard pour annoncer l’élargissement du mouvement à trois nouvelles formations politiques : L’Alliance rouge-verte (Danemark), le Parti de Gauche (Suède) et l’Alliance de gauche (Finlande). Cette construction va se poursuivre et s’élargir dans les prochaines semaines. Nous mènerons une campagne commune pour les élections européennes. Nous devons être à la hauteur du moment et des équilibres fragiles qui dominent partout en Europe. C’est notre devoir de redonner confiance aux peuples pour qu’ils relèvent la tête. Nous ne sommes pas condamnés à subir des politiques aussi rudes qu’absurdes et inefficaces.
Dans une interview au Point dont il semble avoir recueilli l’approbation, le Premier ministre grec Alexis Tsipras prétend que nous ne saurions pas quoi faire si nous devions gouverner. Il vise Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise. Alexis Tsipras a fait le choix de capituler en rase campagne au moment où toute l’autre gauche européenne nourrissait en lui les plus grands espoirs et qu’il avait les moyens et le mandat du peuple grec pour résister face à la Troïka. Il a poussé la logique austéritaire au service des banques et contre les peuples jusqu’à limiter le droit de grève. Il a gouverné contre les retraités de son pays, contre les fonctionnaires et contre l’indépendance de la Grèce. Le visage de la Grèce après cette cure incroyable n’est plus le même et le Peuple a payé le prix fort pour satisfaire les appétits de la finance. Un vrai pillage organisé. Nous ne pouvons plus travailler avec un personnage comme Alexis Tsipras qui, en choisissant de critiquer Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise, est passé de la soumission au larbinage ! Si, La France Insoumise veut gouverner le pays. Elle ne travaille que dans cet objectif, pour changer la vie pour de bon et confier le pouvoir au Peuple, parce qu’il est plus que temps. Mais, par définition, elle ne gouvernera pas soumise comme a choisi de le faire Tsipras avec l’approbation de toute la bonne société qui l’encense désormais après l’avoir tant critiqué quand il était des nôtres.