Le compte à rebours a commencé. Un monde atteint ses limites sous nos yeux. Les urgences qui nous ont poussés à construire La France Insoumise se sont considérablement renforcées. Le changement climatique envahit désormais notre quotidien et sa menace appelle un changement profond de modèle dans un temps limité. La précarité et la pauvreté s’étendent pendant que la richesse produite se concentre toujours plus entre quelques mains. L’aveuglement idéologique des eurobéats défenseurs de la concurrence libre et non faussée pousse à la compétition de tous contre tous. En réprimant durement leurs opposants, les partisans du libéralisme économique deviennent les adversaires de la liberté individuelle. La paix est menacée.
En France, après avoir vidé de leur substance les deux grands partis qui animaient le clivage traditionnel entre la gauche et la droite, Emmanuel Macron veut installer un nouveau clivage politique : les progressistes face aux nationalistes. Il en résulterait un face-à-face prétendu entre les libéraux de tout poil et l’extrême-droite qui progresse en Europe. Mais ce duel est factice : ses deux protagonistes défendent des politiques économiques comparables. Aucun ne prend en charge les grands défis écologiques et sociaux comme il le faudrait. Ce paysage politique dangereux nous fait perdre un temps considérable.
Dans ce contexte, “droite” et “gauche” officielles ne sont pas une alternative. Elles se révèlent incapables de se définir face au pouvoir macroniste, comme le montrent les abstentions des sénateurs PS et LR dans le vote de confiance au gouvernement. Le peuple français cherche une issue. En 2017, 7 millions de Français se sont regroupés autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon et de notre programme, L’Avenir en commun. C’est une base solide et conséquente pour la construire.
” Aucun retour en arrière, aucun raccourci tactique ne répondent aux enjeux auxquels nous sommes confrontés “
Mais nous devons avancer encore. Aucun retour en arrière, aucun raccourci tactique ne répondent aux enjeux auxquels nous sommes confrontés. Pour nous, l’union de la gauche, la gauche plurielle ou même le Front de Gauche appartiennent au passé. Non pas que le clivage gauche-droite ne veuille plus rien dire du tout. Mais il n’est plus le clivage qui permet de se définir tant les mots ont été détournés de leur sens. Aucune majorité ne peut se construire sur cette base. Impossible avec celle-ci d’opérer la jonction entre la classe moyenne des centres urbains et les classes populaires des villes, des quartiers et de la France rurale.
Parlons franchement : nous sommes le camp de la justice sociale et du partage des richesses, de la République jusqu’au bout, laïque, fraternelle et émancipatrice, d’une écologie populaire qui ne s’accommode pas du capitalisme et des injonctions du marché ; nous sommes les partisans de l’internationalisme et de l’indépendantisme au service de la paix. Pour que ce programme ambitieux puisse aboutir, il faut lever un certain nombre de verrous. En France, nous devons en finir avec la monarchie présidentielle par une Assemblée constituante pour passer à la 6e République. En Europe, nous devons sortir des traités qui empêchent de mener une autre politique que celle de la compétition et de la concurrence.
La gauche dit-elle cela? Non. S’est-elle montrée à la hauteur du moment dans le soutien à la mobilisation des Gilets jaunes? Non. On voit donc bien que les injonctions à l’unité comme préalable sont dépourvues de tout principe de réalité. L’union n’est ni une stratégie, ni un objectif. Si elle devait advenir, elle ne pourrait être que conséquente à un accord sur le fond et sur la stratégie qui en découle. En l’état, si nous nous rassemblions et que nous étions en situation de gouverner ensemble, que ferions-nous alors? Du François Hollande, du Manuel Valls?! Sans nous!
” Ce n’est pas en parlant de la gauche et de ses chantiers internes que l’on parle au pays “
Pour nous, la solution c’est le peuple et son implication directe dans la vie politique pour retrouver la souveraineté que la République lui confère mais que l’oligarchie lui confisque. La mobilisation des Gilets jaunes comme la plupart des mobilisations sociales et écologiques en cours atteignent cette même conclusion. Or aujourd’hui, après de nombreux espoirs douchés, la moitié du peuple fait la grève des urnes. Toute notre action, toutes nos méthodes doivent être pensées et déployées pour venir à bout de cette résignation. Ce n’est pas en parlant de la gauche et de ses chantiers internes que l’on parle au pays. C’est en faisant et en agissant avec les gens et en consacrant notre énergie à la société plutôt qu’à nos affaires internes.
C’est la raison pour laquelle nous ne faisons pas un parti politique de plus mais un mouvement. A quoi servirions-nous si nous faisions ce que d’autres font déjà très bien? La vie des partis est respectable. Laissons-les donc s’en occuper! Avec La France Insoumise, soyons plutôt et plus que jamais le mouvement, le label commun de toutes celles et tous ceux qui, organisés ou non, individuellement ou collectivement, veulent agir pour que le peuple reprenne en mains son destin et s’attaque aux urgences du moment. C’est la seule stratégie qui nous paraît capable de porter un programme de rupture comme L’Avenir en commun jusqu’au pouvoir.
Nous sommes de cette génération insoumise qui ne veut pas d’un retour aux vieilles formules réchauffées mais qui s’efforce de construire un chemin à la hauteur de nos adversaires et des défis qui s’avancent.
Les signataires :
- Adrien Quatennens Ugo Bernalicis, Danièle Obono, Bastien Lachaud, Mathilde Panot, députés de La France Insoumise
- Manuel Bompard et Leïla Chaibi, députés européens de La France Insoumise
- Jim Delemont, Julie Garnier, William Martinet, Marina Mesure, Julien Poix, Sophie Rauszer, Rhany Slimane, Paul Zilmia, anciens candidats aux européennes de la France insoumise
- Et les Insoumis Paul Vannier, Aurélien Le Coq, Elliott Aubin, Antoine Léaument, Coline Maigre, Céleste Van Isterdael, Jill Royer, Boris Bilia, Arnaud Le Gall, Maud Assila, Come Delanery, Clémence Guetté, Sarah Legrain, Manon Dreven, Pierre-Yves Cadalen, Djenna Boualia, Lise Maillard, Clément Verde, David Guiraud, Cécile Beaudouin, Erwan Seys, Anaïs Belouassa, Fabrice Torro, Cassandre Begous, Laura Goligowsky, Jimmy Levacher, Alexandra Mortet, Raphael Qnouch, Sébastien Delogu, Hadrien Toucel