Avant que parle le président

Palais de l'Elysée

Équipés pour partir à la bataille des européennes

Je reprends du service au clavier de l’ordinateur et j’écris ces quelques lignes depuis le train qui me ramène de Bordeaux où La France Insoumise tenait ce week-end la séance de clôture de sa Convention programmée de longue date.

Cet événement politique fût certes noyé au milieu de la belle marée jaune qui déborde dans le pays. Il n’en demeure pas moins un événement ayant fait une nouvelle démonstration de la capacité d’organisation méthodique du mouvement.

Pendant tout le week-end, ce sont près de 1 500 insoumis qui se sont retrouvés pour clôturer un processus de convention commencé à la rentrée dernière. Une nouvelle fois les bénévoles mobilisés durant les deux jours de nos travaux ont mis beaucoup de cœur à l’ouvrage.

Quelle qu’en soit la raison, cela fait toujours du bien de se retrouver. Chacun y puise de l’énergie pour mieux repartir au combat. En plus d’avoir travaillé à l’amélioration constante de l’organisation du mouvement pour faciliter nos tâches, le mouvement s’est doté d’un programme et a validé sa liste.

Ainsi,au moment où j’écris ces lignes, La France Insoumise est en ordre de bataille pour aller aux élections européennes infliger à Macron la raclée démocratique qu’il mérite amplement.

À n’en pas douter, si Emmanuel Macron devait encore être en place au mois de mai 2019, les élections européennes, première occasion de sanctionner sa politique depuis son accession au pouvoir et l’installation de sa majorité, seront utilisées comme un référendum contre lui. Cela est souhaitable et c’est précisément ce que nous allons faire.

Macron, la Commission Européenne à domicile !

 Quelque soit le ressort du vote, l’enjeu est que les gens aillent voter. Qu’ils y aillent pour sanctionner Macron ou pour sanctionner cette Union Européenne en voie de dislocation et incapable de mener à autre chose qu’à une compétition nauséabonde de tous les peuples contre tous les autres qui la composent, c’est du pareil au même !

Cela est d’autant plus vrai quand on sait que plus de 40% des lois adoptées au niveau national sont directement le fait des injonctions de la Commission Européenne. Et que dire alors de ce document exhumé par notre eurodéputé Younous Omarjee indiquant que Monsieur Macron avait évoqué la fiscalité écologique comme recours auprès de la Commission Européenne pour compenser les cadeaux fiscaux du CICE faits sans contrepartie aux entreprises avec les résultats catastrophiques que l’on connaît ?!

Macron,c’est la Commission Européenne à domicile, voilà tout, et les Français en ont soupé !

Convaincre tout le monde ou commencer par faire soi-même

L’Europe de nos rêves, celle de la coopération entre les peuples, est morte sacrifiée sur l’autel de la compétition généralisée, sans harmonisation sociale et fiscale possible parce que les traités antidémocratiques l’empêchent, préférant imposer à tous l’ordolibéralisme mortifère qui ruine la terre et les hommes et nous privent des leviers nécessaires pour faire le partage des richesses et la planification écologique que nous avons à faire.S’il fallait encore s’en convaincre, il suffit de regarder ce qu’il se passe partout en Europe avec des peuples qui signifient chaque jour un peu plus leur détestation de cette Union Européenne là. Qui pousse les peuples à rejeter l’Union Européenne ? Qui la rend détestable ? De quoi le Brexit est-il le nom ? Voyons par exemple combien la montagne a accouché d’une souris dans cette affaire de la taxation des géants du numériques (les GAFAs) souhaitée par le ministre Bruno Le Maire : pétard mouillé faute d’accord au niveau de l’Union. On remarquera d’ailleurs avec intérêt qu’à cette occasion, le ministre Le Maire a validé la stratégie du Plan A et du Plan B décidée par La France Insoumise.En effet, il a déclaré que s’il n’y avait pas d’accord au niveau européen (cet accord au niveau européen constituant en quelque sorte, le Plan A), alors nous le ferions unilatéralement au niveau national (Plan B qui n’interdit pas de continuer à convaincre ses partenaires d’en faire tout autant). Si ces belles paroles devaient se traduire en actes (ce dont nous sommes autorisés à douter), ce serait un symptôme de mélenchonisation du ministre Le Maire.

L’Avenir en Commun en Europe aussi !

En attendant notre accession au pouvoir au niveau national, laquelle nous permettra d’appliquer cette stratégie du Plan A et du Plan Ben Europe, nous refusons d’être les spectateurs ébahis d’unetelle situation et d’attendre patiemment 2022. Car l’urgence démocratique, sociale et écologique se double désormais d’une urgence temporelle : nous n’avons plus tout le temps devant nous pour procéder aux grandes bifurcations qu’appellent les défis auxquels nous sommes confrontés. L’élection européenne du mois de Mai 2019 est une autre occasion de renverser la table et comme toutes les occasions, nous allons la saisir. A l’issue de ce week-end de clôture de convention nous disposons d’un bon programme pour mener cette bataille des idées sur la question européenne. Ses axes sont clairs et parfaitement adaptés aux enjeux du moment.

D’abord, nous voulons faire respecter la souveraineté des peuples. Elle est notre boussole permanente. Face à l’urgence climatique, nous devons engager la planification écologique et relancer l’activité en se donnant pour but de solder la dette écologique. Cette dette là devrait nous préoccuper bien davantage que l’absurde règle d’or budgétaire qui justifie la casse denos services publics affaiblissant la République. Pour ce faire, il faut en finir avec le dumping social et fiscal en Europe et mettre enfin la finance au pas. Nous refusons le mirage de l’Europe de la guerre, seul horizon qu’ont à proposer les tenants de l’Europe libérale. Nous devons construire la paix et les coopérations. Face aux réactionnaires de toutes sortes, l’extension des libertés et des droits est à mettre aux ordres du jour. Voilà les principaux axes d’un programme qui contient de nombreuses mesures que défendra ce commando démocratique de lanceurs d’alerte que nous entendons envoyer au Parlement Européen.

L’enjeu des élections européennes : que le Peuple s’en mêle !

Nous mènerons cette campagne avec les partis qui, partout en Europe,partagent notre diagnostic et nos propositions face à la situation de l’Union Européenne. Nous le ferons dans le cadre du mouvement européen « Maintenant Le Peuple ». La mise en cause des actuels traités comme verrous empêchant de mener des politiques sociales et écologistes ambitieuses et mettant les peuples à distance de l’exercice de leur pleine souveraineté constitue le véritable socle commun de ce mouvement européen. Reste à créer les conditions de la participation populaire la plus large possible à ce scrutin dont chacun comprend combien il est un enjeu mais dont chacun voit aussi combien il peine à passionner les foules.

Or,cette participation du grand nombre aux élections est notre tâche principale. Notre devoir de militants politiques est de réhabiliter la polémique argumentée et le bulletin de vote comme les meilleures armes démocratiques. Leur puissance est considérable. Car si Emmanuel Macron devait décider de ne pas satisfaire les revendications des français mobilisés, de ne pas entendre l’opinion, de ne pas voir les gilets, fussent-ils jaunes et fluorescents dans la nuit, nous sommes certains du fait qu’il ne pourra pas ne pas voir la puissance du message qui sortira des urnes en mai 2019.

Notre objectif immédiat est donc d’envoyer les gens par milliers dans leur mairie pour qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales avant le mois de Mars pour pouvoir voter en 2019.Voter est un acte révolutionnaire. Voilà un mot d’ordre !

Manon, Manu et toute l’équipe du commando démocratique !

Pour faire tout cela, le mouvement La France Insoumise vient de valider sa liste. De cette validation collective, il résulte une belle liste, à l’image de la population du pays, de têtes dures et bien formées.Laquelle est emmenée par le binôme Manon Aubry / Manuel Bompard.

La candidature de Manon Aubry comme tête de liste de La France Insoumise pour les élections européennes est une excellente nouvelle. A 29 ans, Manon est forte de l’expérience associative et humanitaire qu’elle a accumulée de longue date et de son rôle de porte-parole d’Oxfam qui font d’elle une figure reconnue de la lutte implacable contre la fraude et l’évasion fiscale. J’ai pu mesuré aujourd’hui le grand enthousiasme que suscite la nouvelle de sa candidature parmi les participants à notre convention. Je suis très enthousiaste moi aussi à l’idée de travailler avec elle pour mener ces combats car il est certain que le groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale et le groupe de députés européens auront à travailler ensemble en étroite collaboration.

Quant à mon ami Manuel Bompard, ses capacités de dirigeants ne sont plus à prouver, le mathématicien qu’il est ayant eu à connaitre la direction de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon et la direction des campagnes du mouvement depuis lors.

A eux deux, ils emmènent une liste faites de valeureux combattants dont deux actuels eurodéputés : Younous Omarjee dont la qualité du travail qu’il a su mener à lui seul (comme par exemple sur la pêche électrique)indique ce que serait en capacité de faire un groupe nombreux de députés insoumis au Parlement Européen et Emmanuel Maurel qui,avec ses camarades récemment sortis du Parti Socialiste, renoue avec l’enthousiasme contagieux du militantisme politique digne de ce nom.

Parmi les nombreuses réjouissances, je veux saluer aussi la présence sur la liste de mon ami Julien Poix qui compte parmi les militants lillois les plus dévoués. Bien sûr, cette liste connait aussi les limites de son nombre et l’on pourrait déplorer longtemps l’absence de telle ou tel qui aurait évidemment pu apporter leur pierre à l’édifice.

J’y compte évidemment quelques amis déçus. Mais plutôt que de déplorer cette difficulté de composition des listes qui s’impose à toutes les forces politiques, apprécions plutôt la qualité de ce qui résulte du travail mené par le comité électoral du mouvement, lequel a dû étudier en détails plus de 600 candidatures ! Rien de moins. Cette liste est diverse et composée de brillants personnages, de candidates et de candidats faits d’un bois solide pour aller tenir tête aux eurolâtres à la botte de Juncker qui dit « qu’il n’y a pas de choix démocratiques possibles contre les traités ».

Nous sommes prêts à offrir à nos concitoyens un bulletin de vote efficace contre Macron et son monde mais aussi un bulletin de vote qui exprime une colère porteuse de bien plus d’enthousiasme que l’impasse promise par Le Pen.

Si les défis auxquels nous sommes confrontés sont tragiques, notre pays et son peuple disposent de toutes les qualités requises pour les relever. Il ne manque plus qu’une chose : la volonté politique pour ce changement radical mais nécessaire. Mais au fait, Macron sera-t-il encore sur son trône en mai 2019 ?

Le méprisant de la République n’a pas compris les Gilets Jaunes

Macron n’a pas compris ce dont les Gilets Jaunes sont le nom. Il pensait avoir à faire à un petit emmerdement de parcours, un conflit social de ceux qui donnent l’impression aux dirigeants qui leur font face que ce serait juste le métier qui rentre !

Ici, il s’agit pourtant de quelque chose de beaucoup plus grave qui murit dans les profondeurs du pays depuis bien avant l’ambition présidentielle de l’actuel Président de la République. C’est bien l’histoire de France qui se joue dans les jours que nous sommes en train de vivre.Les Gilets Jaunes sont le moyen qu’a trouvé cette France invisible pour se signaler avec force aux puissants qui gouvernent. « Nous sommes là et nous n’en pouvons plus ! » veulent-ils rappeler à ceux qui chaque jour prennent des décisions qui impactent toutes ces vies qu’ils semblent même incapables de comprendre.

Peut-on néanmoins penser que Macron serait la victime d’une situation dont il ne serait pas responsable et que n’importe quel autre dirigeant,n’importe quel autre Président à sa place aurait eu à connaitre le même sort ? Assurément non, car la politique de Macron aggrave durement celle de ses prédécesseurs.

La promesse de renouvellement formulée par le candidat Macron apparait comme ce qu’elle était véritablement : du vent. De la com tout au plus. Macron n’est rien d’autre que le nouvel avatar d’un libéralisme exacerbé dont la survie nécessitait un grand numéro d’illusionnisme. Mais très vite après un second tour face à Marine Le Pen qui a poussé de nombreux français a voté pour lui ni par enthousiasme pour sa personne, et encore moins par enthousiasme pour son programme, la couche de vernie s’en est allée et la réalité est apparue :casse du Code du Travail, affaiblissement des services publics,redistribution massive pour les plus riches, baisse des APL, fin des contrats aidés, etc…

Macron agit comme si tout le pays était converti au mirage libéral alors que de moins en moins de français semblent convaincus que cette politique amènera la prospérité promise. Et comme on les comprend quand on voit les résultats en matière d’emploi, de revenus etc…Ajoutez là dessus l’affaire Benalla et l’arrogance d’un président de la République qui se mue en méprisant de la République (« fainéants », « gaulois réfractaires », « ceux qui ne sont rien », « je traverse la rue je vous trouve un emploi ») puis une hausse injuste de taxe sur les carburants alors qu’il n’y a pas l’ombre d’une politique écologiste conséquente par ailleurs, et alors la mobilisation massive des Gilets Jaunes peut démarrer.

On annule la hausse de taxe et tout ira bien !

Après deux semaines de mobilisation des Gilets Jaunes et un soutien des Français au mouvement dépassant les 80%, Emmanuel Macron croyait avoir tout compris : le conflit ayant démarré sur la hausse de la taxe sur le carburant (ce que Macron appelle la fiscalité écologique qui n’a d’écologique que le nom car seulement 19% des recettes supplémentaires engendrées par cette hausse sont réellement allouées à la transition écologique), en annulant cette hausse de la taxe, la mobilisation devait selon lui s’arrêter.

Après avoir annoncé par la voix du Premier Ministre une suspension de 6 mois, l’Élysée a fini par annoncer une annulation pure et simple de la hausse de la taxe pour le budget 2019. Cette annonce n’a produit aucun autre effet que le renforcement de la mobilisation. Les Gilets Jaunes ne se mobilisent pas simplement pour l’annulation d’une hausse de taxe !

Ils se mobilisent pour crier haut et fort le ras-le-bol généralisé de cette France pour qui les fin de mois commencent le 10 de chaque mois, qui travaille ou qui a travaillé et qui ne peut plus subvenir à des besoins simples et des petits plaisirs de la vie.

Ce Peuple de France qui tire la langue, de plus en plus fort, pendant que la petite oligarchie toujours plus rabougrie se gave de plus en plus. En 20 ans, les dividendes ont augmenté de 200% dans le pays pendant que le salaire moyen n’augmentait que de 14%. Nous sommes les champions du monde des dividendes versés aux actionnaires.

En supprimant l’impôt de solidarité sur la fortune, Macron a redistribué 1 million d’euros aux 100 plus riches du pays. Rappelons que seuls 0,14% des assujettis à l’ISF s’exilaient chaque année et que rien ne permet d’assurer que cet exil était fiscal. Qu’ont-ils fait de ces cadeaux que Macron leur a donnés alors qu’ils ne les avaient même pas demandés ! Ont-ils investi dans l’économie productive ?

A quoi servent les 20 milliards d’euros par an de crédit d’impôt compétitivité emplois (CICE) quand on voit ce que cela coûte de créer ou sauvegarder un emploi avec cette méthode (160 000 euros par emploi en moyenne) ?

Pendant ce temps, les français qui ont subi un accident de la vie, ceux qui sont aux minimas sociaux, survivent la plupart du temps sous le seuil pauvreté. 9 millions de pauvres dans notre République de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité. Ça ne peut plus tenir debout. Taxe sur les carburants ou pas !

Des Gilets Jaunes pas écolos ?

Ce n’est donc pas en particulier contre la taxe sur les carburants que se sont mobilisés les gilets jaunes mais contre l’injustice fiscale en général. La hausse de cette taxe venant en ajouter selon le phénomène mille fois décrit de la goute d’eau qui fait déborder le vase. Comment les contribuables les plus modestes,composant cette grande « classe moyenne » pourraient accepter de porter plus longtemps l’essentiel de l’effort fiscal sur leur dos à cause d’un système à seulement 5 tranches d’impôt qui concentre tout l’effort sur eux quand dans le même temps les gouvernements successifs poursuivent des politiques austères qui affaiblissent le tissu national de services publics ?

La hausse de la taxe sur le carburant a été le déclencheur parce que beaucoup de gens n’ont pas d’autre choix que de rouler avec leur voiture individuelle et que le gouvernement ne fait pas la planification écologique qui permettrait d’offrir des alternatives à ce modèle obsolète. Mais comme la plupart des français, les gilets jaunes sont évidemment soucieux de l’urgence climatique et de la nécessité de mener des politiques ambitieuses en la matière. Mais il ne peut y avoir de politique écologiste efficace sans la justice fiscale et sociale, de même qu’il ne peut y avoir d’ordre public possible ni même souhaitable sans la justice sociale.

Dans les manifestations des gilets jaunes, on voit progresser les mots d’ordre écolos ou liant l’urgence sociale et l’urgence écologique. Oui,il nous faut faire émerger l’écologie populaire alors que Macron fait une politique antisociale ! Parmi ces slogans, j’en retiens deux vus dans les manifestations lilloises auxquelles j’ai pu participer : « Oui à l’écologie, non à l’hypocrisie ! »ou encore « Fin du monde, fin du mois, mêmes responsables,même combat ! ».

Ce samedi 8 décembre se tenaient partout dans le pays les marches pour le climat. Il fallait voir dans de nombreuses villes de France, la jonction magnifique entre les marches pour le climat et les manifestations des gilets jaunes comme nous avions pu assister la semaine précédente à la jonction entre les manifestations syndicales et celles des gilets jaunes. Ces convergences, cette contagion, ce développement du mouvement à toutes les sphères de la société est une garantie du succès et de l’aboutissement des revendications. C’est ainsi que viennent s’ajouter à la mobilisation, les lycéens, les étudiants et les secteurs de la société qui entament des journées de grève.

Récupération politique ?

Alors Monsieur Macron, après avoir décidé de suspendre la hausse de la taxe sur les carburants, allez-vous rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune ? N’est-il pas temps que les riches soient enfin solidaires ? Allez-vous annoncer une refonte du système fiscal comme le réclament les gilets jaunes ? La France Insoumise tient à votre disposition sa proposition d’un système à 14 tranches d’impôt qui permettrait de mieux répartir l’effort fiscal entre tous et de faire en sorte que celles et ceux qui gagnent moins de 4 000 euros par mois payent moins d’impôts.

Que tout le monde paye ! Que tout le monde contribue à l’effort collectif pour notre modèle social admiré partout sur la planète ! Mais que tout le monde paye à hauteur de ses moyens ! Et qu’allez-vous faire pour récupérer les 100 milliards annuels de fraude et d’évasion fiscale qui représentent 1 600 euros par an et par personne ? Allez-vous augmenter le SMIC comme vous le demandent avec raison les gilets jaunes ? Ça vous en fait des annonces possibles pour votre allocution télévisée de ce soir !

Dès qu’un politique s’emploie à donner son avis, à participer ou à proposer des issues au mouvement des gilets jaunes, alors toutes sortes de commentateurs crient à la « récupération »et encouragent les gilets jaunes à crier à la « récupération » avec eux. Les mêmes qui se moquent des gilets jaunes parce qu’ils rencontrent des difficultés bien normales pour être représentés ou pour désigner des portes-paroles n’admettent pas que tout cela n’est rien d’autre que de la politique. Non, la politique n’est pas le domaine réservé de quelques-uns. C’est bien l’affaire de tous. Il faut que tout le monde se mêle de politique. C’est à ce prix que nous pourrons refaire Peuple tous ensemble et c’est la raison pour laquelle les revendications institutionnelles des gilets jaunes sont d’une criante actualité. Car que font les gilets jaunes quand ils s’organisent sur les ronds-points, quand ils établissent des cahiers de doléances sinon de la politique ?

Et nous, que faisons-nous d’autre quand nous portons la voix du peuple à l’Assemblée Nationale ou que nous établissons un programme politique avec le peuple lui-même ? Tiens, comme c’est drôle, la plupart des revendications qu’établissent aujourd’hui les gilets jaunes figurent dans le programme présidentiel de La France Insoumise qui a été défendu bien avant l’émergence des gilets jaunes et nous n’avons pas attendu qu’Emmanuel Macron fasse l’erreur de prévoir une hausse injuste de taxe sur les carburants pour défendre à l’Assemblée nationale la plupart des mesures qui se trouvent dans ces cahiers de revendications. Récupération politique ? Mais alors qui récupère quoi ?!

 Devrions-nous dire que les gilets jaunes font de la récupération politique du programme de La France Insoumise parce qu’il contient leurs revendications alors qu’ils les a précédés ? Et alors ? Nous ne voulons rien récupérer mais nous voulons bien qu’on nous récupère!

En fait, il n’y a pas de récupération politique mais la politique tout court. Empêcher les représentants du Peuple de formuler des issues politiques à la crise, c’est assumer de vouloir l’enlisement de la situation. En la matière, beaucoup de commentateurs feraient bien d’interroger leur responsabilité.Quelle issue veulent-ils voir à cette crise ?

Ni chaos, ni intimidation !

Les actes de violence perpétrés le 1er décembre sur les Champs Elysées ont constitué un tournant dans la mobilisation des Gilets Jaunes.Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas réagi à leurs revendications des gilets jaunes ? C’est une erreur fondamentale.On a vu ensuite que beaucoup de gilets jaunes ont fini par tirer la conclusion que seule la violence permettait d’obtenir une réaction du gouvernement.

La diffusion en boucle des images de violence n’est aucunement représentative du mouvement des Gilets Jaunes. 80% des Français soutiennent ce mouvement mais pas la violence. La violence réduit le mouvement parce qu’elle dissuade des gens de se mêler aux manifestations. Or, le rapport de force face au gouvernement ne peut être favorable car la condition d’amples manifestations de masse et pacifique sans lesquelles on peut venir avec les gosses etles poussettes sans craindre pour les siens !

Évidemment que des casseurs se sont infiltrés dans les manifestations de gilets jaunes pour en découdre avec des forces de l’ordre dont il faut rappeler qu’elles sont aussi, pour beaucoup, solidaires des revendications des gilets jaunes, à bout et en tension. Notez que ce sont 2 millions d’heures supplémentaires qui ne sont toujours pas payées aux forces de l’ordre.

Il est néanmoins intéressant d’observer que parmi les personnes interpellés le samedi 1er décembre,l’essentiel sont des manifestants sans antécédents judiciaires. Face au silence du gouvernement, une partie des manifestants qui estiment n’avoir plus rien à perdre compte tenu de leur situation peuvent basculer dans la violence. Et les appels au calme hors sol de la part de toute la macronie n’y peuvent assurément rien.

La réponse attendue n’est pas un appel au calme qui raisonne comme une tentative de dissuasion de manifester mais une réponse politique avec des mesures fortes et claires tirées des justes revendications.Ainsi, on nous aura annoncé le chaos de la mobilisation de ce samedi8 décembre pendant toute la semaine mais ce chaos n’est jamais venu.

S’il y a eu de nouveaux actes de violence ce samedi, c’est d’abord et avant tout à de multiples rassemblements dans le calme sur les ronds points de tout le pays et à de grandes manifestations pacifiques que nous avons pu assister ce week-end. Lorsqu’à la mi-journée de ce samedi 8 décembre il était clair que la guerre annoncée par le gouvernement n’aurait pas lieu, nous recevions partout des témoignages indiquant des actes policiers qui ne semblaient pas du tout en corrélation avec la situation et contribuaient plutôt à un regain de tension.

Quelles étaient les consignes données par le seul responsable politique, le ministre de l’intérieur ? Comment expliquer que des manifestants pacifiques se soient retrouvés prisonniers de nasses comme ce fût le cas le 1erdécembre place de l’Etoile ?

Ce samedi 8 décembre à Paris, trois membres du groupe parlementaire de La France Insoumise, Mathilde Panot, Alexis Corbière et EricCoquerel se sont retrouvés pris dans une nasse alors qu’ils manifestaient tranquillement avec les gilets jaunes. Les policiers entendaient leur accorder un traitement différencié en leur proposant de sortir alors que tous les autres manifestants auraient du rester coincés. Ils ont refusé de sortir.

 Comment expliquer ces images de tirs de flashball ou ces épandages de lacrymo sur des manifestants pacifiques ? Comment supporter ces images de répression du mouvement lycéen qui s’est conjugué au mouvement des gilets jaunes ? 700 lycéens interpellés en une journée ! Pourquoi a-t-on fait agenouiller des dizaines de lycéens à Mantes-la-Jolie ? N’oublions pas que depuis le début de la mobilisation des gilets jaunes, il y a eu 4 morts et des centaines de blessés. La stratégie de la tension et la violence ne sont jamais souhaitables. Il ne peut être question que le pouvoir réprime le Peuple ou le confonde avec quelques spécialistes des agissements violents pour dissuader les français à user d’un droit essentiel: celui de manifester.

Bravo aux Françaises et Français qui ont exprimé pacifiquement leur colère ! Bravo aux gardiens de la paix qui ont eu à cœur de leur permettre de le faire malgré toutes les difficultés rencontrées sur le terrain !

Macron définitivement enlisé

Alors que les « Macron démission » continuent de raisonner dans tout le pays, le monarque présidentiel s’apprête à prendre la parole ce soir. Enfin ! Il est le seul à avoir les clés de la situation. Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, nous ne reviendrons pas à l’état précédent. La rupture est consommée. Pour sortir de la crise, le Président détesté n’a que deux options : céder ou partir !

Soit il cède aux revendications des gilets jaunes soutenues par l’écrasante majorité des français en annonçant notamment le rétablissement de l’ISF, la hausse du SMIC, la refonte de notre système fiscal, soit il ne veut pas entendre raison et souhaite ne rien changer.

Dans ce dernier cas, il doit appeler le peuple à trancher dans les urnes.Car s’il est légitime d’un point de vue institutionnel, la mobilisation populaire est tout aussi légitime que lui.

Cette double légitimité doit donc être tranchée. La dissolution de l’Assemblée nationale pour que le Peuple revienne aux urnes est la seconde option. A moins qu’Emmanuel Macron nous surprenne positivement en annonçant la convocation d’une Assemblée Constituante ou la tenue d’un référendum révocatoire !

Quelque chose me dit que samedi prochain, il y aura un acte 5. Les gilets jaunes ont choisi de l’intituler : Pot de Départ de Macron ! Au fait, qu’en pense le fusible Édouard Philippe ?


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