Monsieur le Préfet,
Nous nous permettons de vous écrire suite à l’interpellation dont nous avons fait l’objet de la part de membres de l’association la Cimade concernant la situation sanitaire au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Lesquin, conséquence de la grave crise qui traverse le pays, n’épargnant aucune personne ni aucune structure.
Dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus Covid-19, nous savons que d’importantes mesures ont été prises et vont continuer à l’être pour préserver la santé de l’ensemble de nos compatriotes, et nous voulons assurer les services de l’Etat ainsi que l’ensemble de ses personnels de notre pleine reconnaissance.
Nous avons appris, le vendredi 13 mars dernier, qu’au moins un cas de coronavirus a été confirmé au centre de rétention de Lesquin. Selon nos information, si la personne a bien été évacuée, les mesures prises pour assurer la sécurité sanitaire de l’ensemble des personnes retenues et agents ont tardives et insuffisantes, faisant ainsi peser et craindre un risque très important de contagion. Les personnels de la Police aux Frontières disposent bien de gants et de masques, mais certains retenus auraient décidé préventivement de ne plus fréquenter les espaces collectifs du CRA, notamment le réfectoire, afin d’éviter les risques de contamination, et ne se nourrissent donc plus depuis plusieurs jours.
Par ailleurs, les mesures prises vis-à-vis de l’extérieur empêchent les personnes retenues d’avoir accès à leur conseil juridique, or selon les dispositions prises par le ministère de la justice les audiences relatives à la rétention sont maintenues.
Nous avons conscience que les lieux de privation de liberté sont des secteurs dans lesquels les risques de transmission du virus sont accrus. Les lieux sont exiguës et accueillent un nombre de détenus supérieurs à leurs capacités, dans des conditions d’hygiène parfois très difficiles.
A l’heure actuelle, plusieurs cas similaires nous sont signalés dans d’autres CRA sur le territoire métropolitain.
Monsieur le préfet, compte-tenu du ralentissement du cours de la justice et face à une situation qui risque d’être explosive, nous souhaitons être assurés que les services de l’État assurent les meilleures conditions de protection des personnes retenues ainsi que des personnels.
Restant à votre disposition pour aborder le sujet, nous vous prions de recevoir, monsieur le Préfet, nos salutations respectueuses et l’expression de notre vive considération.
Adrien QUATENNENS & Ugo BERNALICIS