Communiqué d’Adrien QUATENNENS – Député du Nord – France Insoumise – 29/06/2017
La session extraordinaire de l’Assemblée Nationale qui fait office de rentrée parlementaire a débuté le Mardi 27 Juin.
Le groupe France Insoumise, composé de 17 député-e-s, y a pris part avec le plus grand sérieux. 48 heures après le début de cette nouvelle législature, nous avons choisi d’attirer l’attention des français-e-s sur le caractère autoritaire voire autocratique, de l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron et sa majorité :
Alors que la première séance avait pour objectif de répartir les postes qui contribuent au bon déroulement de la vie de l’Assemblée, nous avons assisté à une mascarade de premier rang, annihilant toute capacité d’y participer réellement : Bataille rangée entre le groupe des Républicains (LR) et celui des Républicains dits « Constructifs ». Ce dernier – résolument macron-compatible – ayant décidé de se déclarer dans l’opposition alors que tout laissait entendre le contraire. On voit bien l’intérêt de la chose : après des heures de suspension de séances entrecoupées de courts passages dans l’hémicycle ( le tout nous amenant à siéger jusqu’à une heure du matin ), et sans entrer dans des détails qui laisseraient indifférents la plupart des citoyen-ne-s, il en résulte que la majorité écrase tout et ne laisse de place à presque personne en réalisant une habile opération de neutralisation, consistant à choisir elle-même son opposition.
Ainsi donc, les amis du « renouvellement » ou du « dépassement des vieux clivages » tiennent manifestement à tirer toutes les ficelles !
De même, avec la synthèse molle du macronisme ambiant au perchoir en la personne de François De Rugy, on se demande où est passée l’ambition de féminisation qui, il y a encore quelques semaines, semblait essentielle pour le Président de la République !
Le clou fût sévèrement enfoncé ce Jeudi matin, lors de l’installation des huit Commissions permanentes de l’Assemblée : La plupart des postes des bureaux de Commissions reviennent à la majorité ou à ses alliés objectifs et les coups de billards à trois bandes ont permis de déceler un objectif politique visé partout et tout le temps, même contre l’argument essentiel de la parité : n’importe qui, plutôt que la France Insoumise !
Enfin, la Conférence des Présidents de groupe qui avait à statuer aujourd’hui sur un agenda parlementaire et sur l’ordre du jour n’est pas parvenue à établir un calendrier qui permette de savoir quand s’achèvera cette session extraordinaire.
Les députés sont pris en otage pour jouer le rôle de chambre d’enregistrement des volontés du Prince, le tout dans un rythme imposé.
Ainsi, et alors que notre groupe ne dispose pas encore de ses bureaux pour travailler, commence à peine à recruter ses collaborateurs et à s’habituer au cadre général de cette Assemblée, nous sommes tenus d’examiner vite et bien un texte aussi fondamental et essentiel que le projet de loi d’habilitation à légiférer par ordonnance sur le Code du Travail ! Rien que cela ! Un texte qui va permettre sans débat parlementaire ultérieur de modifier l’ordre juridique quotidien des 18 millions de salariés du secteur privé !
Sur ce projet de loi comme sur l’Etat d’urgence, Macron veut aller vite. La pilule passera d’autant mieux qu’elle sera vite avalée, pense-t-il certainement.
Dans la cacophonie généralisée et à la veille du discours de politique générale de son premier ministre, le Président de la République convoque le Congrès à Versailles le Lundi 3 Juillet. Cette date correspond à la date limite pour déposer en Commission les amendements sur le texte des ordonnances ! Pas bête la bête !
L’objectif du Congrès serait-il de réduire le temps déjà bien trop court dont disposent les parlementaires pour travailler, amender et expliquer le texte ? La question mérite d’être posée.
Par conséquent, nous avons décidé que les députés du groupe France Insoumise ne se soumettraient pas aux convenances personnelles du monarque. Pendant qu’il parlera devant des parlementaires qu’il ne prendra pas le temps d’écouter ensuite, nous préférerons prendre nos responsabilités en travaillant sérieusement à la validation d’amendements du texte sur les ordonnances et nous envisagerons une action de protestation contre la pratique du pouvoir qu’impulse ce début de quinquennat.
Nous savons désormais et avec les premiers épisodes que cette nouvelle législature a donné à voir qu’Emmanuel Macron et sa majorité sont un colosse au pied d’argile. Cette majorité, dominante et arrogante, est d’une consistance politique fragile et mal aguerrie aux rapports de force.
Nous ne laisserons pas la casse de l’ordre social s’opérer. A nous toutes et tous, collectivement, de dénoncer la pratique du pouvoir par Emmanuel Macron, de désépaissir l’écran de fumée et d’artifices qui masquent les duretés sociales qui s’annoncent.
En agissant comme elle le fait, la majorité est en train de cristalliser contre elle des colères légitimes. Changer le casting et les costumes ne suffira pas pour durer. Nous appelons les français-e-s à la vigilance et la mobilisation contre ce qui se prépare et à ne pas succomber aux doses puissantes d’anesthésiant qu’injecte le gouvernement pour s’imposer de gré ou de force.
Notre arrivée à l’Assemblée ne diminue pas l’ampleur de la lutte à mener. Elle ne fait que l’amplifier. Contre Macron et ses ordonnances, l’urgence est telle qu’il faudra être partout présent et contagieux. A l’Assemblée et dans la rue, que tout le monde se mette à la tâche car l’heure est grave, le muselage de l’opposition est désormais à l’oeuvre, mais le groupe de députés France Insoumise, lui, ne porte ni laisse, ni muselière.