Lettre de Adrien Quatennens au président de la République

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Monsieur le Président de la République,

J’ai bien reçu votre invitation à déjeuner à l’Élysée le vendredi 29 mars et vous en remercie. Je vous informe par le présent courrier de mon intention de ne pas donner suite à cette invitation car elle s’inscrit dans le cadre du « grand débat national » auquel, avec les parlementaires du groupe La France Insoumise, je ne désire pas participer. Je ne souhaite pas donner de crédit à un dispositif qui, de mon point de vue, sert vos intérêts particuliers et non pas ceux du peuple français. En effet, vous avez dès le début annoncé qu’il ne pourrait s’agir de modifier votre cap en profondeur. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles votre « grand débat » est en fait tout petit, boudé par une écrasante majorité de Français. Au point où le pays en est rendu, pour qu’un grand débat soit conséquent, il devrait être constituant : c’est au peuple lui-même, seul souverain, que la décision finale devrait revenir. Si vous n’êtes pas d’accord avec cela, par la dissolution de l’Assemblée, vous lui permettriez au moins d’avoir le dernier mot.

Voilà maintenant plus de quatre mois que notre pays connaît un grand mouvement de contestation populaire contre votre politique. La colère qui s’exprime est à la hauteur de la souffrance des Français même si beaucoup restent silencieux. Cette colère vous précédait mais vous l’avez exacerbée. A l’heure qu’il est, avec ou sans gilets jaunes, participant ou non à des manifestations, une majorité de Français est en accord avec les problèmes soulevés par ce mouvement et ses principales revendications. Pourtant, vous les avez balayées d’un revers de main : Référendum d’initiative citoyenne, rétablissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune, refonte de la fiscalité, hausse des salaires, des pensions et des minimas sociaux…

A celles-ci s’ajoute désormais la mobilisation salutaire, notamment de la jeunesse de notre pays, afin que vous agissiez concrètement face à l’urgence climatique. Qu’il s’agisse des revendications sociales ou écologiques, c’est un modèle économique dans son ensemble qui est mis en cause pour la raison qu’il nous empêche de faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés.

Le pays est dans une impasse et le moment que nous vivons est une injonction à tout changer. Nous savons que le temps est compté. Les experts du climat nous disent qu’il ne nous reste qu’une poignée d’années pour changer de modèle en profondeur. Par conséquent, plutôt que de considérer la situation actuelle comme une menace à laquelle il faudrait mettre fin, il faut la considérer comme une opportunité à saisir. Le peuple veut tout remettre en cause ? Cela tombe bien car c’est précisément ce qu’il est urgent de faire. Il serait invraisemblable que l’issue d’une telle situation soit un retour à l’état qui la précédait. Je regrette donc que plutôt que d’accueillir ces multiples revendications vous ayez fait le choix de la diversion et de la répression.

La France est un grand pays, le peuple son seul souverain. Il dispose de toute l’énergie nécessaire pour tracer ce nouvel horizon qu’il peut mettre en partage avec toute l’humanité. Aussi, monsieur le Président, si je ne serai pas à votre table ce vendredi, je vous dis ma disponibilité pour vous livrer mon appréciation de la situation politique et mes propositions dans un autre cadre que celui du « grand débat national ».

Avec mes salutations républicaines,

Adrien Quatennens

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