Pour les Gilets Jaunes, une seule issue : gagner !
Ce samedi 9 février, c’était déjà l’acte 13 des Gilets jaunes. Un parmi tant et avec eux depuis la manifestation lilloise où je me trouvais, je mesurais le niveau de détermination implacable qui demeure après plus de trois mois de mobilisation.
Les médias de toutes sortes peuvent gloser en chœur avec la macronie sur le thème du « mouvement qui s’essouffle » comme ils le disent depuis le premier jour de manifestation, une chose est certaine : le noyau dur qui se trouve encore là ne s’arrêtera pas tant que ses revendications ne seront pas traduites politiquement.
« La minorité dans la rue n’a pas à faire la loi » disent certains ? Que font ceux-là des 80% de français favorables à l’instauration du Référendum d’initiative citoyenne (RIC) qui permettrait de proposer ou d’abroger une loi ainsi que nous l’avons proposé avec le groupe France insoumise à l’Assemblée nationale après avoir reçu plus de 800 contributions pour l’écriture de cette proposition de loi ?
Que font ceux-là des 74% de français favorables au rétablissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) que Macron s’est empressé de supprimer ? Ces deux revendications étant les principales des Gilets Jaunes. La refonte de notre système fiscal, le niveau de vie, la hausse des salaires, des pensions et des minimas sociaux ainsi que la présence des services publics et la lutte contre la vie chère sont avec les revendications démocratiques et institutionnelles les mots d’ordre qui reviennent le plus.
Au cœur de la manifestation lilloise, de nombreux Gilets jaunes venaient à la discussion avec moi. Contrairement aux commentateurs, les Gilets jaunes ont bien compris que nous ne réclamions rien pour nous-mêmes en étant présents à leurs côtés et qu’en tant qu’élus d’opposition, nous admirons leur abnégation face à la politique de Macron.
Je comprenais aussi qu’après trois mois de mobilisation, l’aide est évidemment la bienvenue. Ainsi nos interventions à l’Assemblée et nos prises de position publiques en faveur de leurs revendications et en soutien au mouvement sont régulièrement saluées tout comme quand nous demandons des comptes au ministre Castaner sur la répression incroyable dont les chiffres donnent le tournis.
De la même manière, pour en avoir discuté avec eux, ils sont nombreux à avoir apprécié le renfort des syndicats lors de la manifestation du 5 février. Les Gilets jaunes méritent le soutien. Il faut voir le nombre de participants parmi les manifestants de cet acte 13 pour qui ce fut la première manifestation à côté de celles et ceux qui répondent à l’appel chaque samedi depuis trois mois.
Des gens courageux, certains viennent en famille, ils sont nombreux à travailler sans pour autant parvenir à joindre les deux bouts. La souffrance se lit sur leur visage comme leur détermination. Ces femmes et ces hommes, la dignité de ce peuple de France qui se lève pour reprendre en main son destin, force l’admiration.
Dans mes petits souliers, marchant avec eux, une nouvelle fois ce samedi, j’étais fier d’eux. Si l’on en croit le peu d’intérêt que suscite les interventions de Macron retransmises à la télévision, le président s’essouffle. Pas la contestation. Samedi prochain, pour l’acte 14, que chacun ait à cœur d’apporter soutien et renfort aux Gilets jaunes. C’est le moins qu’on leur doit.
Castaner misère !
La semaine dernière à l’Assemblée nationale, avec le groupe France insoumise, j’ai voté contre la loi dite anti-casseurs qui est une loi anti-manifestants. L’arsenal législatif est amplement suffisant pour maintenir l’ordre si tant est que le maintien de l’ordre soit toujours bien l’objectif poursuivi.
Quelques heures plus tard, j’interrogeais le ministre de l’intérieur sur l’action policière pendant le mouvement des Gilets jaunes. Cette nuit-là dans l’hémicycle, Christophe Castaner était représenté par Laurent Nunez, son secrétaire d’État.
Je lui redis combien le mouvement des Gilets jaunes n’était pas d’essence violente. Combien la violence est un phénomène minoritaire au sein de ce mouvement même si chaque semaine tous les zooms sont faits sur les actes de violences urbaines qui ne sont pas représentatifs de l’ampleur de la contestation populaire qui s’exprime à travers le pays.
J’ai dénoncé les multiples tentatives de décrédibiliser le mouvement et tentatives de dissuasion de manifester comme lorsque le ministre de l’Intérieur indiquait que celles et ceux qui participeraient même pacifiquement à des manifestations dans lesquelles se produiraient des violences seraient tenus pour complices de ces violences.
J’ai rappelé que le rôle du ministre de l’Intérieur n’est pas d’empêcher ou de dissuader les manifestations mais de s’assurer qu’elles puissent avoir lieu. Oui, c’est le rôle du ministre de l’Intérieur que de veiller à ce que l’on puisse manifester contre sa propre politique en démocratie !
La dérive autoritaire qui consiste à restreindre le droit de manifester s’ajoute aux 7 000 interpellations souvent sans suite judiciaire, les 1 000 blessés, les 9 228 tirs de lanceurs de balles de défense, les morts, les éborgnés, les mains arrachées dont la responsabilité politique semble évidente.
L’acte 12 des Gilets jaunes rendait hommage aux victimes trop nombreuses. Il est impensable que l’acte 13 de ce samedi fut marqué par une nouvelle main arrachée par une grenade de désencerclement probablement de type GLIF4 comme si aucune leçon n’était tirée de cet affreux bilan. Pourquoi serait-il possible de maintenir l’ordre sans ces armes dans de nombreux pays européens mais pas en France ?
On doit pouvoir maintenir l’ordre sans déplorer ce genre d’incidents terribles. On ne devrait pas participer à une manifestation sans être certain de revenir entier et non pas avec un œil ou une main en moins, mutilé à vie ! Il faut, comme nous l’avons demandé en déposant une proposition de loi à l’Assemblée avec mon collègue et ami Alexis Corbière, interdire les lanceurs de balles de défense (LBD) et les grenades de désencerclement (GLIF4) qui provoquent des blessures de guerre parmi les manifestants.
Usées, fatiguées, de nombreuses heures supplémentaires non payées et obéissant aux ordres, les gardiens de la paix ne seraient être tenus pour seuls responsables de la situation. La responsabilité incombe aux donneurs d’ordre.
En attendant que Macron ne descende de son nuage et donne enfin suite aux revendications qui s’expriment, ce bilan et cette incapacité à maintenir l’ordre sans mutiler est de la responsabilité politique de Christophe Castaner. Il doit démissionner.
Je trouve particulièrement abject que de nombreux responsables de La République En Marche n’aient pas eu le moindre mot de compassion pour le manifestant Gilet jaune qui a perdu la main à Paris ce samedi, préférant parfois relativiser comme l’a fait Florian Bachelier, mais aient laissé planer l’ambiguïté sur l’origine de l’incendie du véhicule Sentinelle ou du tag anti-juifs alors que l’absence de lien avec la manifestation des Gilets jaunes était avérée. Ceux qui ne condamnent les violences et ne s’indignent qu’à géométrie variable ne sont pas à La France insoumise mais bien au gouvernement et dans la majorité.
C’est l’hiver, gare à l’épidémie de perquisitions !
La semaine qui vient de s’achever a ajouté sa participation à la démonstration d’indépendance de la justice !
Lundi, c’était le journal indépendant Médiapart qui faisait l’objet d’une tentative échouée de perquisition à propos de ses sources dans la couverture de l’Affaire Benalla et des conversations enregistrées publiées quelques jours plus tôt par le journal. Cette tentative de perquisition ferait suite à une plainte pour atteinte à la vie privée de Monsieur Benalla.
Je dois préciser ici que lors des perquisitions de La France insoumise, Sophia Chikirou a porté une plainte similaire dont on attend encore les suites. Cette tentative d’intimidation du journal Mediapart et l’affaire qui motive la perquisition en dit long sur l’usage politique des moyens de justice dans notre pays. Et la ministre Belloubet de répondre imperturbablement à la question de mon collègue Bernalicis que tout cela est normal et qu’elle ne donne aucune consigne directe et de conclure que « Paris n’est pas Caracas » !
Le lendemain, on apprenait pourtant l’intervention directe de Matignon dans le signalement qui a conduit à la tentative de perquisition à Médiapart.
Au milieu de ces rebondissements dans l’affaire d’État qu’est désormais l’affaire Benalla, arrive une nouvelle charge en règle contre La France insoumise. Est-ce parce qu’une enquête d’opinion indique que LFI est de loin le mouvement qui incarne le mieux les revendications des Gilets jaunes (revendications dont on a dit plus haut qu’elles étaient soutenues par une écrasante majorité de français) qu’une nouvelle offensive d’ampleur fut lancée contre nous ?
En effet mercredi, la presse macroniste « L’Obs » consacrait 10 pages de vide à taper sur Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise avec des prétendues « révélations » sur les prétendues « affaires judiciaires ». A part que le secret de l’instruction est littéralement violé et que des contenus d’auditions et pièces du dossier se retrouvent dans la presse sans que les personnes concernées soient au courant (qui fournit les pièces en violation du droit et à quel prix ?), rien de neuf sous le soleil.
Il n’y a toujours rien à se mettre sous la dent parce qu’il n’y a rien dans ce dossier et que ni Jean-Luc Mélenchon ni aucun de ses valeureux collaborateurs que j’aimerais faire connaitre au grand public pour leurs qualités n’ont quoi que ce soit à se reprocher dans cette affaire montée sur la base de deux dénonciations.
Comme si désormais la concordance des temps était parfaite entre la presse du pouvoir et ses instances judiciaires, le lendemain de la publication de ce dossier spécial dans l’Obs, c’était le tour de Manuel Bompard, numéro 2 sur notre liste pour les élections européennes d’être perquisitionné pendant cinq heures dès 7h00 du matin, chez lui, à Toulouse par ceux-là mêmes qui l’avaient déjà entendus pendant plusieurs heures au mois d’octobre et pour récupérer des documents sans le moindre intérêt.
Une tentative d’intimidation de plus, cette fois contre un candidat aux prochaines élections. Il faut additionner à cela les mises sur écoute multiples de Gilets Jaunes, la répression de l’action militante et syndicale à travers le pays comme par exemple à Bure, et tout le reste de ce qui a déjà été dit. Cela fait beaucoup dans la même semaine pour ne pas voir que l’on nage en plein cirque. Cela n’est pas la justice de mon pays.
C’est la dérive autoritaire d’un pouvoir aux abois.
Blanquer fait-il confiance à l’école ?
Le terme « confiance » revient si souvent dans le langage de la macronie que le doute s’installe très vite. Souvenez-vous, pour ne prendre que cet exemple, du « pari de la confiance dans le dialogue social » que nous invitait à faire Muriel Penicaud au moment de la discussion sur les ordonnances contre le Code du Travail.
Cette semaine, c’est le projet de loi Blanquer « Pour une école de confiance » qui est à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Avec ce projet de loi fourre-tout comme c’est devenu l’habitude, le ministre Blanquer entend faire de l’école une entreprise comme les autres.
Ainsi, l’encouragement à la concurrence et la culture de l’évaluation sont au coeur de ce projet de loi. Un conseil d’évaluation dont la moitié des membres seront nommés par le gouvernement viendra remplacer l’instance actuelle indépendante. Les sanctions disciplinaires et l’instauration d’un devoir d’exemplarité des membres de la communauté éducative en disent long sur la confiance qu’a Jean-Michel Blanquer envers les fonctionnaires rattachés à son ministère.
Au total, ce projet de loi est une nouvelle attaque contre la fonction publique à laquelle la macronie ne fait décidément pas confiance. La logique de rationalisation des coûts prend le pas sur le modèle du service public. Le recours accru à des contractuels, la précarisation, comme le fait que des surveillants pourraient désormais dispenser des heures de cours à la place des professeurs sont autant de preuves de la considération de ce gouvernement pour l’école de la République.
A rebours d’une école entreprise telle que semble vouloir instaurer le ministre Blanquer, nous constatons combien l’école s’est appauvrie et combien les inégalités s’y aggravent.
C’est à cette école de la 6ème République, où il fait bon apprendre, qui combat les inégalités, qui accroit les qualifications pour répondre aux défis auxquels nous faisons face aujourd’hui et auxquels nous ferons face demain, une école de la citoyenneté, laïque et libérée des influences que nous voulons concourir.
Il n’y a pas de place dans ce projet que nous défendons pour l’école de la République, pour la réduction au modèle de l’école-entreprise que veut nous vendre le ministre Blanquer.
Bravo aux enseignants « stylos rouges » mobilisés en lanceur d’alerte pour l’école !
« L’Europe qui protège » protège la barbarie en mer
Réuni cette semaine, le Conseil européen de « l’Europe qui protège » qui réunit les chefs des Etats membres a décidé d’autoriser la pratique barbare de la pêche électrique jusqu’en 2022 contre l’avis et le vote du Parlement Européen après qu’il ait adopté l’amendement de l’eurodéputé insoumis Younous Omarjee.
Outre le fait qu’il écrase le vote d’un Parlement élu, le Conseil européen autorise une pratique ignoble qui détruit les fonds marins et explose littéralement les poissons. La pêche électrique est une pratique de pêche industrielle totalement barbare qui met à mal la pratique de la pêche artisanale et les petits pêcheurs à qui elle oppose une concurrence déloyale en plus de réduire à néant des zones de pêche entière.
Cette décision scandaleuse doit être connue tout comme la responsabilité d’Emmanuel Macron. On peut par exemple l’ajouter à la validation dans le dos du peuple de l’accord de libre-échange climaticide JEFTA avec le Japon ou la forfaiture sur l’interdiction du glyphosate.
Contrairement au mensonge réitéré ce dimanche 10 février par le secrétaire d’Etat Gabriel Attal dans l’émission « BFM Politique », il n’y a pas d’interdiction du glyphosate prévue dans cinq ans.
Le glyphosate a été autorisé pour cinq années supplémentaires. Rien ne dit qu’il sera interdit à l’issue de ces cinq années et Macron ne sera surement plus Président quand il s’agira de le décider.
Ce nouvel épisode de la pêche électrique démontre que « L’Europe qui protège » comme nous la chante Macron protège d’abord les gros industriels contre l’intérêt général et l’urgence écologique. Les citoyens auront à s’en rappeler le 26 mai prochain lors des élections européennes.
« Le Tour de Lille » mis en partage
Les insoumis refusent que les élections européennes soient confisquées par Macron qui entend jouer la montre avec son Grand Pipeau National et rejouer ensuite le second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen.
Forts de notre liste et d’un programme à la hauteur des enjeux européens et nationaux, nous sommes entrés en campagne. Réhabiliter le bulletin de vote comme issue positive à la colère populaire, lutter contre l’abstention en faisant en sorte que l’élection européenne et ses enjeux soient connus au sein des quartiers les plus abstentionnistes, tels sont les objectifs de cette campagne sur le terrain dans l’immédiat.
Pour y répondre, les militants de La France insoumise à Lille ont mis sur pieds une méthode de campagne ambitieuse : Le Tour de Lille.
Pendant trois mois et avant la phase finale de la campagne, ils investiront chaque semaine un quartier de la ville. Chaque samedi, ils tiendront une caravane d’accès aux droits avec pour premier objectif l’inscription sur les listes électorales. S’en suivra une semaine de porte-à-porte intensif.
Chaque semaine sera conclue par une réunion publique pour recueillir les témoignages des habitants et les relier aux enjeux de l’élection européenne.
Cette méthode est déjà mise en partage dans la métropole lilloise où d’autres comités d’appui ont décidé de faire le tour de leur ville d’ici aux élections européennes.
Elle peut être reprise à travers le pays. C’est sur le terrain, auprès des habitants de nos quartiers, que nous avons à convaincre. Il n’est pas possible de continuer à aller de scrutin en scrutin en se contentant d’une participation minimaliste ou de constater que les quartiers les plus riches votent beaucoup et ont beaucoup plus prise sur le résultat des élections que les quartiers moins favorisés et plus abstentionnistes. Cela n’est pas une fatalité.
C’est bien là l’essentiel et nous sommes les seuls sur le terrain à assumer ce travail gigantesque. Pendant ce temps, quelques égos en manque de reconnaissance s’exhibent déjà comme candidats pour les municipales… de 2020, bien loin des considérations des gens et des réalités quotidiennes. Les élections européennes fonctionneront évidemment comme un référendum anti Macron.
Elles seront aussi le véritable premier tour des élections municipales. En parcourant la ville, ce sont aussi des dizaines de dossiers et de cas concrets à porter comme par exemple sur l’habitat insalubre et le manque de réactivité des bailleurs sociaux.
Ce Samedi le porte-à-porte réalisé dans le quartier de Lille Sud a notamment permis de constater l’état de délabrement avancé de certains immeubles et de recueillir des témoignages sur les fuites et infiltrations d’eau ou la présence de rats jusque dans les appartements.
Comment pourrait-on avoir envie d’écouter Emmanuel Macron en meeting et en bras de chemise sur son téléviseur quand on est confronté à de telles situations indignes de notre pays ?
C’est une question qui devrait sérieusement préoccuper l’ensemble de la représentation politique.